Aujourd’hui lundi 26 mars
- Radio-Canada titre: Québec : un amphithéâtre plus petit pour éviter les dépassements de coûts
- alors que Le Devoir publie: Amphithéâtre de Québec – Contorsions dans un cadre financier
- et Canoë: Amphithéâtre: Quebecor scelle l’entente
Les extraits qui suivent proviennent de ces trois articles et j’en précise la source entre parenthèse.
Analysons un peu le plan présenté pour contenir les coûts:
La population aura son amphithéâtre, dans le respect de l’engagement de 400 millions de dollars.
Régis Labeaume (rc)
Tout d’abord précisons que dans le merveilleux monde de la gestion de projet, le budget (le « combien $ ») n’est pas le seul paramètre définissant la nature du projet et constituant « l’engagement ». L’engagement inclut aussi la portée du projet, c’est à dire le « quoi ».
La superficie de l’amphithéâtre a été revue à la baisse, de 70 000 à 64 000 mètres carrés, a expliqué le maire, ce qui permettra des économies de 30 millions de dollars. Un stationnement souterrain de 750 places a aussi été amputé à 625 espaces, ce qui enlèvera 21 millions sur la facture finale. (rc)
L’engagement n’était pas de construire n’importe quel amphithéâtre au coût de 400M$ mais bien un amphithéâtre de 70 000 m2. N’importe quel acheteur lucide se considérerait quand même floué si son contracteur s’engageait à respecter son budget de 400 000$ pour la construction de sa maison mais en retranchant le garage et la salle familiale. Ne voulant pas présumer saisir toutes les subtilités et du dossier et de cette annonce récente, je pose donc une question ouverte à Monsieur Labeaume: qu’est-ce qui m’échappe? Pourquoi devrais-je conclure que j’en ai tout de même pour mon argent sachant que pour le même budget, je n’aurai plus le garage et mon cinéma-maison?
M. Labeaume a par ailleurs indiqué qu’il soustraira du coût de l’édifice un remboursement de 35 millions de dollars accordé comme crédit de la taxe de vente du Québec (TVQ) accordé aux immeubles à vocation commerciale. (rc)
Donc au lieu de prendre ce 35M$ de dollars dans notre poche droite, il le prend dans notre poche gauche. Collectivement, en tant que contribuable-payeur, mon compte en banque est quand même amputé de 35M$ de plus. En gestion de projet, un simple « transfert » ne réduit en rien le budget. Mais bon, gageons que le contribuable n’y verra que du feu.
L’espace manquant, la Ville le récupère en avalant son voisin immédiat, le centre de jeux de Loto-Québec, Ludoplex. Ces locaux abriteront notamment les bureaux du locataire Quebecor et de la future équipe. (Le Devoir)
La ministre Courchesne avance qu’en 2007 ce complexe avait coûté 33M$ (Le Devoir). Puisqu’il faudra bien le reconstruire ailleurs, on peut donc en déduire qu’au bas mots il nous en coûtera un autre 33M$ de la poche gauche. Mais monsieur l’maire lui est content, tant que ça ne sort pas de la poche droite. Après tout, déshabillons Paul pour habiller Jean.
Sur le montant de 400 millions de dollars, le maire Labeaume assure également qu’une réserve de 73 millions de dollars sera mise à disposition en cas d’imprévus. (rc)
En revanche, elle s’est imposé 73,5 millions de fonds de réserve pour pallier les imprévus, soit une contingence de construction de 7,5 M, une réserve pour inflation de 18,7 M$, une réserve pour risque de 22,3 M$ et une contingence pour imprévus de 25 M$. Au total, ces réserves correspondent à 18 % du projet total (Le Devoir)
En gestion de projet, on appelle ça la « contingence globale ». Le problème c’est qu’on inclut généralement la contingence globale dans le budget annoncé. Ce qui n’est pas clair ici. Le maire nous annonce-t-il prévoir une contingence au cas où le projet finit par nous coûter 473M? Ou nous annonce-t-il avoir toujours prévu que le projet nous coûterait 327M$ et qu’en fait le dernier 73M$ est pour absorber un éventuel dépassement de coûts? Je miserais plutôt sur a première proposition.
On apprends également que la norme pour un amphithéâtre de la LNH est de 68 000 à 70 000 m2. Dans la conférence de presse d’hier monsieur l’maire a très labeaumièrement (c’est à dire très catégoriquement) refusé de parler de la question « LNH ».
On va mettre tout de suite une chose au clair, là. M. Péladeau et moi, on ne répondra à aucune question concernant le hockey professionnel. C’est bête, mais moi en tout cas, je suis capable d’être bête! (Canoë)
Malgré tout, le journaliste du Devoir semble avoir réussi à leur tirer un petit vers du nez:
Aucun des deux hommes n’a voulu faire de commentaires sur les plans de la LNH et l’arrivée d’une équipe. Mais le maire a quand même tenu à souligner que malgré la réduction de la taille de l’amphithéâtre, il serait conforme aux besoins de la Ligue et que Kansas City avait, elle aussi, un équipement de 64 000 m2.
« Conforme » soit, mais quelles sont alors nos chances? Est-ce qu’on vient de se tirer dans le pied? Je pose la question car je crois comprendre, d’après le document suivant (p11), qu’un amphithéâtre en partie exploité par LNH nous rapporterait près de 5M$/an alors que sans la LNH il nous en coûterait 600 000$ pour l’exploiter.
N’importe quel conseil d’administration de n’importe quelle corporation qui se respecte n’avalerait pas une telle couleuvre aussi facilement. Une chance que le public n’y connaît pas grand chose à ce type de jonglerie financière de haut calibre et surtout, surtout, le veut à tout prix son amphithéâtre.
Bref, je suis perplexe. Cela dit, je suis ouvert à mieux comprendre. Merci de m’éclairer.
(Avis au lecteur: je ne suis pas journaliste de profession. Je ne gère pas des projets de 400M$ et ce billet n’est pas le fruit d’un long travail journalistique. Je ne suis qu’un simple contribuable qui s’y connaît en gestion de projets et qui, ultimement, paie ce projet à hauteur de, quoi?, 85%?! À ce titre, je me sens légitimé de poser des questions et je me réserve le droit de changer d’avis à la lumière de n’importe quel argument convaincant)